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CP 05377 Marcel Proust à Reynaldo Hahn [le lundi soir 25 mars 1912]

Surlignage

Mon petit genstil

je ne viens pas parcequʼil serait si
tard que peutʼêtre vous reposerez
un petit peu après ces nuits
Mais je suis plus auprès de vous quʼ
auprès de moi. Demain je viendrai
depuis que je vous ai quitté hier
soir
je nʼai pas cessé un instant
de penser à tout ce que vous en
avez dit de cette vie admirable
maintenant finie, à ce quʼil
semble du moins. Mais depuis
quelque temps je ne plus si sur
que cette apparence soit la vérité. Je ne


vous le dis pas aujourdʼhui seulement.
Je voulais lʼautre jour vous apporter
une page de Bergson. Cʼest une espérance
pour vous et pour moi mon pauvre
petit

Votre Bunibuls

Marcel

Votre pauvre petit mot arrive au moment ou
celui-ci partait. Mais on était revenu deja
avant de chez vous me dire que son « pauvre petit
cœur a cessé de battre » comme dit
divinement son « je ne me rappelle pas
le mot espagnol » mais qui est si digne
dʼelle, qui a toute sa grande âme quʼil
a fait resplendir et connaître par son génie et
a mis dans la vie de sa Maman tant de
tendresse, de joie, et de gloire, quʼil ne
pourra jamais penser à elle – ce qui à
moi mʼest refusé – sans douceur et
sans bénédiction

Surlignage

Mon petit genstil

je ne viens pas parce quʼil serait si tard que peut-être vous reposerez un petit peu après ces nuits. Mais je suis plus auprès de vous quʼauprès de moi. Demain je viendrai ; depuis que je vous ai quitté hier soir je nʼai pas cessé un instant de penser à tout ce que vous en avez dit de cette vie admirable maintenant finie, à ce quʼil semble du moins. Mais depuis quelque temps je ne suis plus si sûr que cette apparence soit la vérité. Je ne vous le dis pas aujourdʼhui seulement. Je voulais lʼautre jour vous apporter une page de Bergson. Cʼest une espérance pour vous et pour moi mon pauvre petit

Votre Bunibuls

Marcel

Votre pauvre petit mot arrive au moment celui-ci partait. Mais on était revenu déjà avant de chez vous me dire que son « pauvre petit cœur a cessé de battre » comme dit divinement son « je ne me rappelle pas le mot espagnol » mais qui est si digne dʼelle, qui a toute sa grande âme quʼil a fait resplendir et connaître par son génie et a mis dans la vie de sa Maman tant de tendresse, de joie, et de gloire, quʼil ne pourra jamais penser à elle – ce qui à moi mʼest refusé – sans douceur et sans bénédiction

Note n°1
Cette lettre date du soir même du décès de Mme Carlos Hahn, la mère de Reynaldo Hahn (voir note 2). Elle date donc du [lundi soir 25 mars 1912]. [FL]
Note n°2
La mère de Reynaldo Hahn est décédée le 25 mars 1912 à 21 heures, comme lʼindique lʼacte de décès n° 665 enregistré le 26 mars 1912 à la mairie du 8e arrondissement de Paris, vue 26. [FL, SL]
Note n°3
Le mot espagnol est certainement « niño », Reynaldo Hahn étant le seul garçon et le benjamin de sa fratrie. [FL]


Mots-clefs :mortphilosophie
Date de mise en ligne : September 23, 2024 04:30
Date de la dernière mise à jour : September 23, 2024 04:30
Surlignage

Mon petit genstil

je ne viens pas parcequʼil serait si
tard que peutʼêtre vous reposerez
un petit peu après ces nuits
Mais je suis plus auprès de vous quʼ
auprès de moi. Demain je viendrai
depuis que je vous ai quitté hier
soir
je nʼai pas cessé un instant
de penser à tout ce que vous en
avez dit de cette vie admirable
maintenant finie, à ce quʼil
semble du moins. Mais depuis
quelque temps je ne plus si sur
que cette apparence soit la vérité. Je ne


vous le dis pas aujourdʼhui seulement.
Je voulais lʼautre jour vous apporter
une page de Bergson. Cʼest une espérance
pour vous et pour moi mon pauvre
petit

Votre Bunibuls

Marcel

Votre pauvre petit mot arrive au moment ou
celui-ci partait. Mais on était revenu deja
avant de chez vous me dire que son « pauvre petit
cœur a cessé de battre » comme dit
divinement son « je ne me rappelle pas
le mot espagnol » mais qui est si digne
dʼelle, qui a toute sa grande âme quʼil
a fait resplendir et connaître par son génie et
a mis dans la vie de sa Maman tant de
tendresse, de joie, et de gloire, quʼil ne
pourra jamais penser à elle – ce qui à
moi mʼest refusé – sans douceur et
sans bénédiction

Surlignage

Mon petit genstil

je ne viens pas parce quʼil serait si tard que peut-être vous reposerez un petit peu après ces nuits. Mais je suis plus auprès de vous quʼauprès de moi. Demain je viendrai ; depuis que je vous ai quitté hier soir je nʼai pas cessé un instant de penser à tout ce que vous en avez dit de cette vie admirable maintenant finie, à ce quʼil semble du moins. Mais depuis quelque temps je ne suis plus si sûr que cette apparence soit la vérité. Je ne vous le dis pas aujourdʼhui seulement. Je voulais lʼautre jour vous apporter une page de Bergson. Cʼest une espérance pour vous et pour moi mon pauvre petit

Votre Bunibuls

Marcel

Votre pauvre petit mot arrive au moment celui-ci partait. Mais on était revenu déjà avant de chez vous me dire que son « pauvre petit cœur a cessé de battre » comme dit divinement son « je ne me rappelle pas le mot espagnol » mais qui est si digne dʼelle, qui a toute sa grande âme quʼil a fait resplendir et connaître par son génie et a mis dans la vie de sa Maman tant de tendresse, de joie, et de gloire, quʼil ne pourra jamais penser à elle – ce qui à moi mʼest refusé – sans douceur et sans bénédiction

Note n°1
Cette lettre date du soir même du décès de Mme Carlos Hahn, la mère de Reynaldo Hahn (voir note 2). Elle date donc du [lundi soir 25 mars 1912]. [FL]
Note n°2
La mère de Reynaldo Hahn est décédée le 25 mars 1912 à 21 heures, comme lʼindique lʼacte de décès n° 665 enregistré le 26 mars 1912 à la mairie du 8e arrondissement de Paris, vue 26. [FL, SL]
Note n°3
Le mot espagnol est certainement « niño », Reynaldo Hahn étant le seul garçon et le benjamin de sa fratrie. [FL]


Mots-clefs :mortphilosophie
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Date de la dernière mise à jour : September 23, 2024 04:30
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