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CP 02266 Marcel Proust à Albert Henraux [premiers jours de janvier 1912]

Surlignage

Mon cher
Albert

je vous
remercie de


image[Ph. de Champaigne.Portraits des Architectes Mansard et Perraut. Musée du Louvre]


votre jolie carte et
de

image[Musée du Louvre. École Flamande. Champaigne (Philippe de) (1602-1674). Portrait du Cardinal de Richelieu.]


votre gentil souvenir.
J’espère que vous

image[Musée du Louvre. École Flamande. Champaigne (Philippe de) (1602-1674). Portrait d’une petite Fille]


êtes moins préoccupé
de la santé de Madame
votre grand’mère et

image[Musée du Louvre. École Flamande. Champaigne (Philippe de) (1602-1674). La Cène]


je serais bien heureux
si j’avais quelquefois

image[Musée du Louvre. École Flamande. Champaigne (Philippe de) (1602-1674). Portrait d’une jeune Fille]


l’occasion de vous
voir. Malheureusement

image[Ph. de Champaigne. Portrait de Robert Arnaud d’Andrilly. Musée du Louvre, Paris]


ma santé me rend
cela très difficile, d’

image[Champaigne (Philippe de). Portraits de Mère Catherine-Agnès Arnaud et de Soeur Catherine de Sainte Suzanne, fille de l’Auteur. Musée du Louvre, Paris]


autant plus que
vous êtes toujours très

image[Philppe de Champaigne. Le Christ mort. Musée du Louvre, Paris]


parfumé, ce qui me
donne des crises. A
propos de parfums, pour-
riez-vous me dire quelles
fleurs il y a au début du printemps au-
tour de Florence, que si on
les marchandes en vendent en
plein vent sur le Ponte Vecchio,

image[ Musée du Louvre . Portrait de Jean-Antoine de Mesme. Ph. de Champaigne.]


en quoi elles diffèrent de
celles de Paris et de
la province fcaise (Beauce)
et s’il y a des fresques à
Ste Marie des fleurs.

Ne m’écrivez pas exprès mais
à l’occasion.

Amitiés

Marcel Proust

Savez-vous si les plombs d’un vitrail ont une
influence sur l’ombre qu’il projette, dessinent-ils
de l’ombre par terre ?


image[Champaigne (Philippe de), par-lui même. Musée du Louvre, Paris]

Surlignage

Mon cher Albert

je vous remercie de votre jolie carte et de votre gentil souvenir. J’espère que vous êtes moins préoccupé de la santé de Madame votre grand-mère et je serais bien heureux si j’avais quelquefois l’occasion de vous voir. Malheureusement ma santé me rend cela très difficile, d’autant plus que vous êtes toujours très parfumé, ce qui me donne des crises. À propos de parfums, pourriez-vous me dire quelles fleurs il y a au début du printemps autour de Florence, si les marchandes en vendent en plein vent sur le Ponte Vecchio, en quoi elles diffèrent de celles de Paris et de la province française (Beauce) et s’il y a des fresques à Sainte-Marie-des-Fleurs.

Ne m’écrivez pas exprès mais à l’occasion.

Amitiés

Marcel Proust

Savez-vous si les plombs d’un vitrail ont une influence sur l’ombre qu’il projette, dessinent-ils de l’ombre par terre ?

Note n°1
Le remerciement pour la « jolie carte » du destinataire (voir note 2) semble situer cette lettre aux premiers jours de janvier 1912. [PK]
Note n°2
Il doit s’agir d’une carte postale dans laquelle Albert Henraux offrait ses vœux à Proust pour le 1er janvier. En effet, dans sa lettre suivante à Henraux (CP 02315 ; Kolb, XI, n° 51), Proust fait allusion à « votre carte du jour de l’an ». [PK]
Note n°3
La grand-mère maternelle de Lucien et Albert Henraux, Mme Gennaro Placci, devait mourir le 1er février 1912. (Voir Le Figaro du 6 février 1912, p. 3, « Le Monde et la Ville ».) [PK, SL]
Note n°4génétique
Proust demande probablement ces renseignements pour les associations symboliques que génère le nom de Florence dans lʼimagination du protagoniste, pour la section « Noms de pays : le nom » de Du côté de chez Swann. Dans le Cahier 20, f. 3v, pour le passage où le jeune héros distingue le printemps de Combray et le printemps italien, Proust avait d’abord choisi comme fleurs caractéristiques de Florence (la « Cité du Lys  ») des « lys » – remplacés bientôt par des « iris » – et des « anémones ». Ce passage est barré. Plus loin, f. 4v, le printemps « couvr[e] de lys les champs de Fiesole ». Puis dans la dactylographie, dans une addition manuscrite (voir NAF 16735, f. 5r, en bas à gauche), cʼest « de lys et d’anémones » (nous soulignons) que le printemps couvre les champs de Fiesole, comme dans le texte définitif. (Voir CS, I, 379.) Dans le passage où les « nom[s] de Florence et de Venise » donnent au jeune garçon « le désir du soleil, des lys, du palais des Doges et de Sainte-Marie-des-Fleurs », la mention du lys reste stable. (Voir Cahier 20, f. 5r ; NAF 16735, f. 6r ; CS, I, 380.) [SL]
Note n°5génétique
Proust cherche à savoir quelles variétés de fleurs sont vendues au printemps sur le Ponte Vecchio pour les passages où le narrateur pense à Florence non plus comme à un lieu inaccessible mais « comme à une ambiance réelle » (CS, I, 383-384). La mise au net du Cahier 20 est tâtonnante : ce sont dʼabord (Cahier 20, f. 9r) « des iris et des anémones » que lʼon vend à midi « en plein soleil sur le Ponte Vecchio » ; mais un peu plus loin (Cahier 20, f. 13r), le Ponte Vecchio est « jonché à foison de jacinthes et d’anémones ». Lors de la correction de la dactylographie, Proust maintiendra tels quels ces deux passages (voir NAF 16735, f. 9r et f. 12r). Cependant, dans la version définitive, le pont est désormais « encombré » « de jonquilles, de narcisses et d’anémones » (CS, I, 383). Le remplacement des iris et des jacinthes par les jonquilles et les narcisses est probablement consécutif aux renseignements donnés par Albert Henraux. — En effet, au début de 1912, Proust est également en train de travailler à ce qui constituait alors le « Morceau final de la 3e Partie » (Cahier 65, f. 24v), morceau qui sʼachève, en écho à l’ouverture de « Noms de pays », en évoquant « les narcisses, les jacinthes, les fleurs de toutes couleurs de la campagne florentine » (Cahier 65, f. 4v, en bas à gauche). Or ce texte, destiné en 1912 à la clôture du premier volume, fait lʼobjet dʼune réécriture dans le Cahier 35, sans doute dʼaprès la réponse d’Albert Henraux (voir CP 02315 ; Kolb, XI, n° 51) : « dans l’air liquide et glacial qui baignait les marronniers des avenues et les platanes des boulevards, s’entrouvraient pour [moi] comme dans une coupe d’eau pure, les narcisses les jonquilles, les anémones, les corolles de toutes couleurs / qu’on vend sur le P / de la campagne florentine. <du Ponte Vecchio.>  » (Cahier 35, f. 57, nous soulignons ; cf. Pugh, Growth, p. 521, note 48.) Cette version, dactylographiée en juin 1912 (NAF 16735, f. 317r), constituait la fin du Temps perdu sur les placards Grasset (NAF 16754, f. 173r) avant que Proust nʼampute son premier tome de 200 pages. (Le passage se trouve désormais dans CG, II, 447). — Cʼest donc à partir de cette clausule que Proust, au printemps de 1913 (voir aussi note 6 ci-après), modifia la phrase sur le Ponte Vecchio du début de « Noms de pays » (« je traversais rapidement, comme pour trouver plus vite le déjeuner qui m’attendait [...] le Ponte Vecchio encombré de jonquilles, de narcisses et dʼanémones » : voir Placard 54, NAF 16753, f. 21v, marge inférieure, nous soulignons), afin que lʼouverture et la clausule se répondent exactement. [PK, SL, NM, FL]
Note n°6génétique
En effet, dans la section « Noms de pays : le nom » de Du côté de chez Swann, ce ne sont pas seulement des fleurs que le nom de Florence évoque, mais aussi des fresques. Un ajout marginal du Cahier 20, f. 9r, très raturé, commence à mentionner des fresques ; puis apparaît lʼidée dʼune division du nom de Florence en compartiments : dans l’un dʼeux, le protagoniste voit « une table chargée de <viandes et de> fruits » vers laquelle il s’achemine « en tenant à la main un guide des peintures de Santa Maria del Fiore » (Cahier 20, f. 10r). Dans « Vacances de Pâques », pré-publication parue dans Le Figaro du 25 mars 1913, p. 1 et 2, le texte met en regard les peintures et les fleurs : « [...] dans l’un [des compartiments], sous un dais architectural, je regardais [...] les peintures de Sainte-Marie-des-Fleurs ; dans l’autre je traversais, pour rentrer déjeuner, le Ponte-Vecchio encombré de jonquilles, de narcisses et d’anémones ». Mais dans la version définitive, les peintures sont remplacées par une « fresque » (CS, I, 383). Nous ne savons si Henraux a répondu à cette question ; en tout cas, Proust ne fera pas spécifiquement référence à la grande fresque qui décore la coupole de la cathédrale Sainte-Marie-des-Fleurs. [SL, FL]
Note n°7génétique
Proust envisage peut-être de modifier le passage où le curé de Combray se plaint des vitraux de l’église : « Mais qu’on ne vienne pas me parler des vitraux. Cela a-t-il du bon sens de laisser des vitraux qui ne donnent pas de jour et trompent même la vue par ces reflets d’une couleur que je ne saurais définir [...] » (CS, I, 102). Dans les deux jeux de dactylographie (NAF 16733, f. 146r et NAF 16730, f. 146r), le passage se trouve à l’identique, mais il s’agit d’une page refaite (l’ensemble des pages numérotées « 107 » à « 111 » sont d’une frappe ultérieure, comme le montrent leurs caractéristiques dactylographiques). Dans la dactylographie initiale d’octobre-novembre 1909, où les pages « 107 à 109 » ont été rayées en croix lors de la réécriture de ce passage, le texte était différent : « […] qu’est-ce que vous // lui trouvez donc d’extraordinaire, à ce vitrail ? Qu’il est un peu plus sombre que les autres ? Et il me fatigue pourtant bien la vue avec le faux jour que me donnent ses reflets rouges ; quand je descends de l’autel au moment de l’élévation je ne sais où poser le pied avec toutes ces taches que je ne saurais définir et qui dansent devant mes pauvres yeux comme si le jour de la grande révolution étaient revenus [sic] et qu’on ensanglantât nos saints tabernacles. » (NAF 16752, f. 174r - 175r ; pages « 106 » - « 107 »). Dans aucun des états de la dactylographie nous ne trouvons d’additions concernant des ombres portées sur le sol par les plombs des vitraux. [SL, FL]


Mots-clefs :architecturearts visuelsdocumentationgenèsenaturesanté
Date de mise en ligne : November 2, 2022 09:37
Date de la dernière mise à jour : August 18, 2024 19:18
Surlignage

Mon cher
Albert

je vous
remercie de


image[Ph. de Champaigne.Portraits des Architectes Mansard et Perraut. Musée du Louvre]


votre jolie carte et
de

image[Musée du Louvre. École Flamande. Champaigne (Philippe de) (1602-1674). Portrait du Cardinal de Richelieu.]


votre gentil souvenir.
J’espère que vous

image[Musée du Louvre. École Flamande. Champaigne (Philippe de) (1602-1674). Portrait d’une petite Fille]


êtes moins préoccupé
de la santé de Madame
votre grand’mère et

image[Musée du Louvre. École Flamande. Champaigne (Philippe de) (1602-1674). La Cène]


je serais bien heureux
si j’avais quelquefois

image[Musée du Louvre. École Flamande. Champaigne (Philippe de) (1602-1674). Portrait d’une jeune Fille]


l’occasion de vous
voir. Malheureusement

image[Ph. de Champaigne. Portrait de Robert Arnaud d’Andrilly. Musée du Louvre, Paris]


ma santé me rend
cela très difficile, d’

image[Champaigne (Philippe de). Portraits de Mère Catherine-Agnès Arnaud et de Soeur Catherine de Sainte Suzanne, fille de l’Auteur. Musée du Louvre, Paris]


autant plus que
vous êtes toujours très

image[Philppe de Champaigne. Le Christ mort. Musée du Louvre, Paris]


parfumé, ce qui me
donne des crises. A
propos de parfums, pour-
riez-vous me dire quelles
fleurs il y a au début du printemps au-
tour de Florence, que si on
les marchandes en vendent en
plein vent sur le Ponte Vecchio,

image[ Musée du Louvre . Portrait de Jean-Antoine de Mesme. Ph. de Champaigne.]


en quoi elles diffèrent de
celles de Paris et de
la province fcaise (Beauce)
et s’il y a des fresques à
Ste Marie des fleurs.

Ne m’écrivez pas exprès mais
à l’occasion.

Amitiés

Marcel Proust

Savez-vous si les plombs d’un vitrail ont une
influence sur l’ombre qu’il projette, dessinent-ils
de l’ombre par terre ?


image[Champaigne (Philippe de), par-lui même. Musée du Louvre, Paris]

Surlignage

Mon cher Albert

je vous remercie de votre jolie carte et de votre gentil souvenir. J’espère que vous êtes moins préoccupé de la santé de Madame votre grand-mère et je serais bien heureux si j’avais quelquefois l’occasion de vous voir. Malheureusement ma santé me rend cela très difficile, d’autant plus que vous êtes toujours très parfumé, ce qui me donne des crises. À propos de parfums, pourriez-vous me dire quelles fleurs il y a au début du printemps autour de Florence, si les marchandes en vendent en plein vent sur le Ponte Vecchio, en quoi elles diffèrent de celles de Paris et de la province française (Beauce) et s’il y a des fresques à Sainte-Marie-des-Fleurs.

Ne m’écrivez pas exprès mais à l’occasion.

Amitiés

Marcel Proust

Savez-vous si les plombs d’un vitrail ont une influence sur l’ombre qu’il projette, dessinent-ils de l’ombre par terre ?

Note n°1
Le remerciement pour la « jolie carte » du destinataire (voir note 2) semble situer cette lettre aux premiers jours de janvier 1912. [PK]
Note n°2
Il doit s’agir d’une carte postale dans laquelle Albert Henraux offrait ses vœux à Proust pour le 1er janvier. En effet, dans sa lettre suivante à Henraux (CP 02315 ; Kolb, XI, n° 51), Proust fait allusion à « votre carte du jour de l’an ». [PK]
Note n°3
La grand-mère maternelle de Lucien et Albert Henraux, Mme Gennaro Placci, devait mourir le 1er février 1912. (Voir Le Figaro du 6 février 1912, p. 3, « Le Monde et la Ville ».) [PK, SL]
Note n°4génétique
Proust demande probablement ces renseignements pour les associations symboliques que génère le nom de Florence dans lʼimagination du protagoniste, pour la section « Noms de pays : le nom » de Du côté de chez Swann. Dans le Cahier 20, f. 3v, pour le passage où le jeune héros distingue le printemps de Combray et le printemps italien, Proust avait d’abord choisi comme fleurs caractéristiques de Florence (la « Cité du Lys  ») des « lys » – remplacés bientôt par des « iris » – et des « anémones ». Ce passage est barré. Plus loin, f. 4v, le printemps « couvr[e] de lys les champs de Fiesole ». Puis dans la dactylographie, dans une addition manuscrite (voir NAF 16735, f. 5r, en bas à gauche), cʼest « de lys et d’anémones » (nous soulignons) que le printemps couvre les champs de Fiesole, comme dans le texte définitif. (Voir CS, I, 379.) Dans le passage où les « nom[s] de Florence et de Venise » donnent au jeune garçon « le désir du soleil, des lys, du palais des Doges et de Sainte-Marie-des-Fleurs », la mention du lys reste stable. (Voir Cahier 20, f. 5r ; NAF 16735, f. 6r ; CS, I, 380.) [SL]
Note n°5génétique
Proust cherche à savoir quelles variétés de fleurs sont vendues au printemps sur le Ponte Vecchio pour les passages où le narrateur pense à Florence non plus comme à un lieu inaccessible mais « comme à une ambiance réelle » (CS, I, 383-384). La mise au net du Cahier 20 est tâtonnante : ce sont dʼabord (Cahier 20, f. 9r) « des iris et des anémones » que lʼon vend à midi « en plein soleil sur le Ponte Vecchio » ; mais un peu plus loin (Cahier 20, f. 13r), le Ponte Vecchio est « jonché à foison de jacinthes et d’anémones ». Lors de la correction de la dactylographie, Proust maintiendra tels quels ces deux passages (voir NAF 16735, f. 9r et f. 12r). Cependant, dans la version définitive, le pont est désormais « encombré » « de jonquilles, de narcisses et d’anémones » (CS, I, 383). Le remplacement des iris et des jacinthes par les jonquilles et les narcisses est probablement consécutif aux renseignements donnés par Albert Henraux. — En effet, au début de 1912, Proust est également en train de travailler à ce qui constituait alors le « Morceau final de la 3e Partie » (Cahier 65, f. 24v), morceau qui sʼachève, en écho à l’ouverture de « Noms de pays », en évoquant « les narcisses, les jacinthes, les fleurs de toutes couleurs de la campagne florentine » (Cahier 65, f. 4v, en bas à gauche). Or ce texte, destiné en 1912 à la clôture du premier volume, fait lʼobjet dʼune réécriture dans le Cahier 35, sans doute dʼaprès la réponse d’Albert Henraux (voir CP 02315 ; Kolb, XI, n° 51) : « dans l’air liquide et glacial qui baignait les marronniers des avenues et les platanes des boulevards, s’entrouvraient pour [moi] comme dans une coupe d’eau pure, les narcisses les jonquilles, les anémones, les corolles de toutes couleurs / qu’on vend sur le P / de la campagne florentine. <du Ponte Vecchio.>  » (Cahier 35, f. 57, nous soulignons ; cf. Pugh, Growth, p. 521, note 48.) Cette version, dactylographiée en juin 1912 (NAF 16735, f. 317r), constituait la fin du Temps perdu sur les placards Grasset (NAF 16754, f. 173r) avant que Proust nʼampute son premier tome de 200 pages. (Le passage se trouve désormais dans CG, II, 447). — Cʼest donc à partir de cette clausule que Proust, au printemps de 1913 (voir aussi note 6 ci-après), modifia la phrase sur le Ponte Vecchio du début de « Noms de pays » (« je traversais rapidement, comme pour trouver plus vite le déjeuner qui m’attendait [...] le Ponte Vecchio encombré de jonquilles, de narcisses et dʼanémones » : voir Placard 54, NAF 16753, f. 21v, marge inférieure, nous soulignons), afin que lʼouverture et la clausule se répondent exactement. [PK, SL, NM, FL]
Note n°6génétique
En effet, dans la section « Noms de pays : le nom » de Du côté de chez Swann, ce ne sont pas seulement des fleurs que le nom de Florence évoque, mais aussi des fresques. Un ajout marginal du Cahier 20, f. 9r, très raturé, commence à mentionner des fresques ; puis apparaît lʼidée dʼune division du nom de Florence en compartiments : dans l’un dʼeux, le protagoniste voit « une table chargée de <viandes et de> fruits » vers laquelle il s’achemine « en tenant à la main un guide des peintures de Santa Maria del Fiore » (Cahier 20, f. 10r). Dans « Vacances de Pâques », pré-publication parue dans Le Figaro du 25 mars 1913, p. 1 et 2, le texte met en regard les peintures et les fleurs : « [...] dans l’un [des compartiments], sous un dais architectural, je regardais [...] les peintures de Sainte-Marie-des-Fleurs ; dans l’autre je traversais, pour rentrer déjeuner, le Ponte-Vecchio encombré de jonquilles, de narcisses et d’anémones ». Mais dans la version définitive, les peintures sont remplacées par une « fresque » (CS, I, 383). Nous ne savons si Henraux a répondu à cette question ; en tout cas, Proust ne fera pas spécifiquement référence à la grande fresque qui décore la coupole de la cathédrale Sainte-Marie-des-Fleurs. [SL, FL]
Note n°7génétique
Proust envisage peut-être de modifier le passage où le curé de Combray se plaint des vitraux de l’église : « Mais qu’on ne vienne pas me parler des vitraux. Cela a-t-il du bon sens de laisser des vitraux qui ne donnent pas de jour et trompent même la vue par ces reflets d’une couleur que je ne saurais définir [...] » (CS, I, 102). Dans les deux jeux de dactylographie (NAF 16733, f. 146r et NAF 16730, f. 146r), le passage se trouve à l’identique, mais il s’agit d’une page refaite (l’ensemble des pages numérotées « 107 » à « 111 » sont d’une frappe ultérieure, comme le montrent leurs caractéristiques dactylographiques). Dans la dactylographie initiale d’octobre-novembre 1909, où les pages « 107 à 109 » ont été rayées en croix lors de la réécriture de ce passage, le texte était différent : « […] qu’est-ce que vous // lui trouvez donc d’extraordinaire, à ce vitrail ? Qu’il est un peu plus sombre que les autres ? Et il me fatigue pourtant bien la vue avec le faux jour que me donnent ses reflets rouges ; quand je descends de l’autel au moment de l’élévation je ne sais où poser le pied avec toutes ces taches que je ne saurais définir et qui dansent devant mes pauvres yeux comme si le jour de la grande révolution étaient revenus [sic] et qu’on ensanglantât nos saints tabernacles. » (NAF 16752, f. 174r - 175r ; pages « 106 » - « 107 »). Dans aucun des états de la dactylographie nous ne trouvons d’additions concernant des ombres portées sur le sol par les plombs des vitraux. [SL, FL]


Mots-clefs :architecturearts visuelsdocumentationgenèsenaturesanté
Date de mise en ligne : November 2, 2022 09:37
Date de la dernière mise à jour : August 18, 2024 19:18
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